Née dans l’euphorie de son prix Goncourt 1933 et sur un pari farfelu, pour reprendre un mot d’André Malraux, sa liaison avec Josette Clotis devient rapidement une passion – contrariée et d’autant plus flamboyante. La ravissante et jeune romancière, toute gauche qu’elle soit, est aussi une femme rebelle et tenace. Elle ne s’accommode pas de vivre à la marge du couple d’André et de Clara Malraux, laquelle la surnomme « la provinciale ». André et Josette vivent côte à côte plutôt qu’ensemble, voyagent, s’écrivent, s’aiment, ont deux enfants. La guerre ne désarme pas celle qui veut tout Malraux et tout de lui.
On ne savait à peu près rien de ce Malraux amoureux. Son enrôlement en 1940 comme soldat de deuxième classe dans une unité de chars à Provins en fait un épistolier malgré lui, attentif et protecteur, pudique et spirituel, toujours tendre envers Josette. Celle-ci, qui excelle dans l’écriture de soi, remplit depuis des années des cahiers secrets, jusqu’à sa mort tragique en 1944, les jambes broyées à la suite d’une chute d’un train. Elle y a consigné les soubresauts de leur relation, mais aussi ses désirs de femme affranchie, loin de la midinette capricieuse ayant capté Malraux à quoi on a trop souvent voulu la réduire.
Je pense à votre destin, fondé sur des archives inédites, fait le récit de cette passion qui n’a pas duré moins de douze ans. Il est suivi de trente-cinq lettres de Malraux largement inédites, de fragments issus des cahiers inédits et de projets de romans de Clotis où Malraux apparaît, ainsi qu’un cahier préparatoire de celui-ci, inédit lui aussi, aux Noyers de l’Altenburg, auquel il travaillait du temps de leur liaison. Tous contemporains, ces éléments racontent, chacun à sa façon, une histoire inouïe d’amour et de littérature.