La jeunesse du monde par Bruno de Stabenrath. Le destin brisé de Gauthier et Vincent Malraux.
Ce roman c’est l’histoire inspirée de la mort tragique des deux fils d’André Malraux, le très médiatique Ministre des Affaires culturelles du général de Gaulle, Vincent, 18 ans, et Gauthier, 20 ans, morts ensemble dans le terrible accident de leur Alfa Romeo Giuletta Sprint bleu, le 23 mai 1961. Partant de ce fait divers tragique qui défraya la chronique en son temps en raison de la personnalité du père des deux victimes, mais qui finalement n’est apparemment qu’un terrible drame de la route comme il y en a tant d’autres, Bruno de Stabenrath a tenté d’en savoir plus et d’aller voir au-delà des apparences.
On voit défiler dans ce livre le Paris de l’époque avec tous ses lieux mythiques comme Les Deux Magots, La Coupole, La Closerie des Lilas, Le Flore, Le Moulin Rouge, Le Lido, la brasserie Lipp. On voyage de Saint-Germain à Port-Cros, en passant par l’Élysée ou Saint-Tropez. Stabenrath réussit à ressusciter l’atmosphère du temps, même les vielles marques commerciales refont surface. On vit bien et vite, les cheveux au vent. On vit aussi à fond car la mort rôde. Les maladies, les accidents, et puis la guerre d’Algérie qui hante la jeunesse française de l’époque, divisée entre ceux qui veulent qu’elle reste française, et les autres.
L’accident de voiture qui arrêta net l’avenir prometteur des deux fils de Malraux fait partie d’une série noire, comme celui qui faucha la vie d’Albert Camus et que Stabenrath rappelle : «Camus, un mois plus tard, se tapait contre un arbre, passager d’une Facel Vega HK 500. Il venait de fêter ses quarante-six ans, et s’endormait pour toujours dans un linceul de tôles froissées. Sale époque pour les poètes ! » Cet accident survenu le 4 janvier 1960 coûta aussi la vie à Michel Gallimard, le neveu de l’éditeur Gaston Gallimard. Bruno de Stabenrath a lui aussi été victime d’un accident de voiture à la suite duquel il est devenu tétraplégique.