Un ancien ministre du général de Gaulle (Pierre Sudreau) vit ses ultimes jours dans sa « cage », la chambre S10 de l’Institution nationale des Invalides. « Marche ou crève » répète-t-il.
Peu à peu, il rend les armes et s’en remet au destin que sa famille a ordonné pour lui. Pour la première fois de sa vie, il lâche prise. Sans doute a-t-il décidé que c’était fini.
L’amitié d’une poignée d’amis tente d’alléger ces derniers jours. L’auteure, qui l’a connu trente ans plus tôt quand elle était jeune journaliste et lui maire de Blois, oscille entre la révolte contre la dureté du sort qui lui est fait, et la douceur des souvenirs d’une autre époque.
Nous voyons s’entrecroiser le récit d’une fin, celle du grand homme, et les premiers pas de la carrière d’une journaliste dans une petite ville des bords de Loire où les rois jadis ont régné. Chambre S10 effectue des allers-retours entre les derniers jours de l’ancien résistant du réseau « Brutus », déporté à Buchenwald, ministre, député, président de la région Centre et autres postes prestigieux de la République, et l’itinéraire de cette jeune femme qui a découvert, à travers lui, la réalité de la politique sur le terrain.
Avec colère et douleur, dans une ultime scène où est saisissante et insupportable la condition faite à cet homme, l’auteure écrit : « Vous qui étiez si lumineux, j’avais peur de vous voir vous éteindre. » Dans un style enlevé, précis, concis, elle s’insurge contre le sort fait trop souvent aux personnes âgées que l’on traite comme des enfants et dépossède d’elles-mêmes, jusqu’à leur confisquer leurs papiers d’identité. Et retrace parallèlement, dans un récit critique et savoureux, le journalisme d’une époque déjà lointaine où Internet n’existait pas.
Ed. Thirésias, 2012
Le site de l’éditeur : http://www.editionstiresias.com/