Nous comptons sur votre présence pour la septième et dernière séance de notre séminaire « Malraux et le cinéma ». Elle se déroulera jeudi 7 mai de 17h à 20h à l’INHA salle Nicolas-Claude Fabri de Peiresc.
Nous y entendrons:
Jean-Louis Jeannelle (Université de Rouen):
« Le Cinéma par la bande »
Résumé :
Afin d’essayer de saisir la place très particulière que Malraux occupe dans l’histoire des rapports entre littérature et cinéma en France, il s’agira ici de prendre à contre-pied l’idée souvent avancée que l’écrivain se serait distingué, dans sa jeunesse en particulier, par sa cinéphilie, et de défendre plutôt l’hypothèse que Malraux, en dépit de sa célèbre Esquisse d’une psychologie du cinéma, fait preuve d’une certaine extériorité à l’égard du 7e art. Nous verrons néanmoins que c’est précisément cette extériorité qui fait tout l’intérêt de sa position. Malraux est bien un théoricien du cinéma, mais pas exactement là où il prétend l’être le plus directement : son apport ne se comprend que par un redéploiement de sa pensée, le propre du cinéma étant chez lui d’être pris dans une pensée plus large des images.
et
Hervé Joubert-Laurencin (Université Paris-Ouest Nanterre La Défense):
« Malraux devant Bazin : le cinéma inimaginable »
Résumé :
À la différence de celle des philosophes et écrivains qui furent ses contemporains, comme André Malraux, l’écriture d’André Bazin est entièrement suscitée par le cinéma de son temps. Il naît à la critique et à la pensée sous la coupe de sa naissante cinéphilie en 1944, meurt en 1958 à la veille de l’instauration de la Cinquième République après être devenu le plus célèbre critique de cinéma de son siècle et avoir vu naître une forme moderne de cet art.
Son fameux article fondateur publié dans Problème de la peinture, « Ontologie de l’image photographique », est une suite directe à l’Esquisse de Malraux telle que publiée dans Verve en 1940 ; dès 1945, il étudie aussi le style de L’Espoir, à quoi Malraux répond par une lettre, dont le destinataire tardif sera aussi Fernand Deligny.
Cependant, « L’ontologie » déjà, et tout l’apport de Bazin à la pensée du cinéma est une réponse à celle de Malraux, et les distinguer engage non seulement un petit moment français de l’après-guerre mais également le projet d’album photographique de l’art universel de Malraux, ainsi que la question du rôle assigné à la photographie – ou au cinéma – dans la modification de l’art.
Pour le saisir, on examinera la façon dont les hommes des années 1940 et 1950 lisaient en français les thèses de Walter Benjamin sur la reproduction mécanisée des images, y compris Georges Duthuit.
C’est pourquoi je détournerai l’épithète de ce dernier, mais sans le suivre dans son incompréhension du cinéma, afin de nommer l’Audiovisuel du temps de l’Intemporel « pas même imaginable » de Malraux (Écrits sur l’art, II, p. 975), un « cinéma inimaginable », car ce que Malraux ne peut imaginer, c’est en effet le cinéma tel que nous pouvons le comprendre depuis et avec Bazin.
Dans cet espoir,
Bien amicalement,
Alain Kleinberger
François de Saint-Cheron