Malraux a été un témoin capital du XXe siècle. La fraternité est au cœur de son œuvre et de sa pensée. Ni philosophe, ni théoricien, encore moins doctrinaire, la fraternité n’est pas une abstraction sentimentale mais une expérience incarnée et une valeur qui témoigne contre le Mal – à défaut de le vaincre.
Malraux n’a cessé d’arpenter la région cruciale de l’âme, où le Mal absolu s’oppose à la fraternité. De l’Indochine des années vingt à l’intellectuel engagé contre le fascisme, de la guerre d’Espagne à la découverte du légendaire national qu’incarnèrent à ses yeux la Résistance et le gaullisme, à travers son œuvre et ses combats, Malraux a approfondi le sens d’une fraternité affrontée à l’humiliation et au Destin. Il en a cherché les domaines électifs que constituèrent les mythes, l’art, la culture et les religions.
Le présent essai s’attache à restituer et à éclairer la place centrale de la valeur de la fraternité dans l’œuvre de Malraux et à en révéler (le sens premier d’apocalypse) les implications politiques et philosophiques.
Jérôme Michel est conseiller d’État. Il enseigne le droit public à l’université Paris-Descartes, à Sciences-Po Paris et à l’université du Caire. Il a notamment publié dans la même collection deux ouvrages consacrés à Léon Blum et François Mauriac.