« Le Malraux farfelu » Sous la direction de Sylvie Howlett. |
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Farfelu ? Qui sait que l’on doit à Malraux la résurrection d’une épithète forgée par Rabelais, qu’il a métamorphosée au point d’en faire un mot à succès, équivalent de bizarre, saugrenu, loufoque, avec un petit quelque chose d’ahuri tenant à sa sonorité ? Les premiers récits de Malraux (Lunes en papier, Royaume-Farfelu, etc.), précisément nommés écrits farfelus, ont ainsi été distingués des romans tragiques, tels Les Conquérants, La Voie royale, La Condition humaine et L’Espoir. Pourtant, à côté des hommes en lutte, bouleversants, courageux et fraternels de ces romans, des personnages farfelus continuent à s’agiter, un peu désarticulés, souvent ambigus. Le plus célèbre, Clappique, par ses prestations et ses récits, opère des variations grotesques sur des scènes tragiques. Certains participants des Noyers de l’Altenburg ressemblent à des bouffons, malgré la gravité de leurs interventions, et même les scènes atroces des attaques au gaz font émerger des géants de foire dans les paysages dévastés. Clappique réapparaît dans les Antimémoires pour présenter à Malraux deux autres farfelus : Méry, vieil ami de Malraux, et Essuie-Plume, son chat et collaborateur pour l’adaptation du Règne du Malin. Avec ses dyables griffonnés et ses signatures-chats (dont ce numéro présente nombre de reproductions), Malraux offre un autre contrepoint au tragique de ses romans, aux fulgurances de ses commentaires sur l’art ou la littérature, et à la gravité de son ministère. Mais le farfelu ne constitue pas une pause, une fantaisie ou un répit : c’est une force-fêlure qui, dans un mouvement dialectique, offre une contradiction au tragique, à l’épique, au sérieux de l’analyse esthétique, pour faire surgir un dépassement, une Aufhebung, qui permet à l’écriture de continuer à battre, diastole-systole de la création, et de se métamorphoser constamment pour asseoir sa puissance d’antidestin.
Parution Octobre 2021 – AIAM éditions – « Présence d’André Malraux » n°18 – 380 pages – 24×16 cm – 25€
Sommaire PAM 18
AVANT-PROPOS p. 7
INTRODUCTION p. 9
RÉSUMÉS DES ARTICLES / ABSTRACTS
PÉRÉGRINATIONS D’UNE ÉPITHÈTE p. 25
Sylvie Howlett Fanfreluches, fariboles et andouilles farfelues
FORME ET FONCTION DU FARFELU : p. 47
Jean-Claude Larrat (†), avec l’autorisation de Mme Larrat
Le Montmartre de Malraux : entre cubisme et farfelu
Michel Autrand Royaume-Farfelu : une clé pour La Condition Humaine
Sylvie Howlett La force-fêlure du farfelu
LE ROI DES FARFELUS p. 95
Rachid Hiati Clappique le bouffon : portrait d’un démystificateur de la condition humaine
Nicole Rigal Étincelant et farfelu ; fantastique et visionnaire
Rachid Hiati Les histoires de Clappique ou la frénésie de l’invention verbale
LE FARFELU DANS LES ROMANS TRAGIQUES p. 173
Bernard Mouralis Les Noyers de l’Altenburg : une histoire farfelue du XXe siècle ?
Cristina Solé Castells Le farfelu dans L’Espoir ou la quête de l’équilibre
CORRESPONDANCE ET RÉPLIQUES FARIBOLESQUES p. 211
Lettre de Malraux à Louise de Vilmorin (mai 1933)
Sylvie Howlett Une correspondance « désespérée et drolatique, comme il sied aux farfelus grand teint »
Claude Travi « Signé Baron de Clappique »
LE FARFELU AU SERVICE DE L’ART p. 253
Sylvie Howlett Un faufilage farfelu : maquettes, transpositions et animaux mythiques
Inès Khemiri Le farfelu dans La Métamorphose des dieux
Marc-Vincent Howlett Saenredam chez Usbek et Rica
RENCONTRES MIROBOLANTES p. 313
Peter Tame Le paradoxe du « farfelu » : le cas de Jacques Méry
Lettre de Jacques Grosjean, fils de Jean Grosjean – Malraux, superbe farfelu
Brian Thompson Malraux, le farfelu, et moi (témoignage inédit)
DYABLES ET CHATS DE MALRAUX p. 341
Sylvie Howlett Une présence irréfutable et glissante comme celle du chat : celle du farfelu
Xavier Dieux Au(x) dyable(s)
FARFELU ALTERNATIF p. 365
Planche entière de Cabu
Claude Pillet L’oeuvre de Malraux répartie en cycles